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Le Brochet

Type : Carnassiers de 2° catégorie
Nom scientifique : Esox lucius, famille des ésocidés

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Description :

Le brochet est un poisson carnassier. Il se trouve placé à l'extrémité d'une chaîne alimentaire biologique, où il joue un double rôle : assurer la continuité de l'espèce et participer à l'équilibre de son biotope. Le corps du brochet est allongé en forme de fuseau. Sa perfection hydrodynamique et la position rejetée en arrière de la dorsale et de l'anale, à la façon d'un empennage de flèche, révèlent l'aptitude du poisson aux attaques fulgurantes.
- corps fusiforme et couvert de fines écailles, avec des différences selon son milieu de vie
- flancs et dos généralement verdâtres ou jaunâtres. -- taille variant de 50 cm à 70 cm et poids entre 2 et 5 kg, cependant des individus de plus de 120 cm et de plus de 20 kg existent mais sont assez rares, ce sont généralement des femelles (maximum150cm pour 35 Kg, 30 ans).
- yeux noirs, entourés d'or et immobiles au-dessus de la tête avec un champ visuel de 70°
- nageoire dorsale constituant un véritable propulseur supplémentaire
- gueule longue, aplatie, et dotée de 700 dents pointues et crochues, capables de repousser.
La robe va du vert clair ou noir suivant la couleur dominante des habitats colonisés. Les rayures obliques des jeunes (appelés aussi poignards) laissent place à des lignes horizontales lors de la croissance.

 

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Mode de vie et habitat :

C'est un chasseur sédentaire et solitaire. Il affectionne les eaux douces transparentes, et où le couvert végétal est important (eaux peu profondes). Il est peu exigeant au niveau thermique (10-23°C). Il supporte aussi les eaux saumâtres (jusqu’à 10 ‰). Ils affectionne les rivières à courant lent, les méandres et bras morts, et bien sûr les lacs et étangs. Dans les grands lacs, on le trouve aussi en bancs, surtout quand il s'agit de jeunes sujets. Le brochet peut vivre plus de 20 ans. Il défend son territoire contre toute intrusion.
Présent dans presque toutes les eaux douces françaises, son aire de dispersion naturelle s'étend à toute l'Europe.
Alimentation : L'alimentation du brochet évolue avec l'âge. Il commence par se nourrir de zooplanctons et d'insectes lorsqu'il est alevin (30 mm). Ensuite, à l'âge adulte, il se nourrit de poissons vivants, malades ou morts (gardons, brèmes, perches, truites et même brochetons), mais ne dédaigne pas quelques extras (écrevisse, grenouille, caneton, poule d'eau, rongeur...). Le cannibalisme n'est pas rare chez les brochets. Il est intéressant de noter que le brochet utilise 17% de ce qu'il mange en créant directement du muscle. Ainsi s'il ingurgite un gardon de 100 grammes il fabriquera 17 grammes de muscle.

Reproduction :

La période de frai se produit de février à avril (eau entre 5 et 12 °C). Mâles et femelles convergent vers les lieux de frai. Les géniteurs remontent jusque dans les fossés remplis d'eau, ou recherchent les parties les moins profondes d'une pièce d'eau. Les femelles, selon leur poids, peuvent pondre entre 3 000 et 600 000 oeufs jaunes orangés (15 000 et 20 000 œufs par kg de son poids), de 1 mm de diamètre qu'elles déposent à faible profondeur dans les herbiers situés près des berges (joncs et autres plantes aquatiques). Ces œufs sont fécondés par plusieurs mâles, en général plus petits que la femelle. L'éclosion a lieu dans les 15 à 20 jours qui suivent. La larve demeure attachée à la végétation en position verticale, vésicule résorbée ; dès qu'il prend une position horizontale, le brocheton se met en quête de proies : zooplancton au début, ensuite petites larves, puis alevins de toutes espèces, y compris les congénères. Sa croissance est rapide 30 cm à la fin de sa première année, 50 cm à la fin de sa seconde, puis 10 cm par ans jusqu'à 100 cm, en cas de croissance normale.

 

Elevage :

Le brochet n’est jamais élevé seul dans un étang mais généralement en complément d’une production variée et équilibrée. Le brochet n’est pas un ravageur qu'il faut détruire avec acharnement pour préserver les autres espèces. Il joue un rôle déterminant dans leur survie en étant le principal agent de la sélection naturelle, qui permet aux souches spécifiques de demeurer saines et vigoureuses, puisqu'il ne parvient à attraper, la plupart du temps, que les sujets les moins aptes, les poissons malades ou blessés, les parasités et les indésirables. Il est ainsi utilisé assez souvent en complément dans les étangs de productions de carpes.
Les rendements obtenus vont de 10 à 50 kg à l’hectare (les meilleurs rendements pour les petits étangs). Certains producteurs considèrent qu’il faut accompagner un empoissonnement de brochet par 10 fois son poids en poisson fourrage pour passer l’hiver.
La croissance du brochet est rapide en milieu favorable, surtout pendant les premières années. Un brocheton, dans sa première année, prélève une moyenne de 15 à 17% de son poids sur le zooplancton, et seulement 10 à 12% si sa nourriture se compose exclusivement de petits poissons. Dans sa deuxième année, il se nourrit de 10% de son poids de larves aquatiques et de 3 à 5% de poissons. Par la suite, ses périodes d'appétence, pendant lesquelles il peut absorber des proies atteignant le tiers de son propre poids, sont séparées par plusieurs jours d'inappétence. Dans des conditions moyennes, il faut au brochet 4 à 6 kg de poisson fourrage pour un gain de 1 kg..
Pour bien saisir le mécanisme de la chaîne alimentaire biologique, et voir que le brochet en constitue un maillon indispensable, prenons l'exemple du gardon et de la perche, qui dans les plans d'eau où les trois espèces cohabitent, constituent de 60 à 80% de la nourriture du brochet. Les données moyennes sont les suivantes :
- brochet : frai en février-mars ; pouvoir de reproduction relativement faible ; cannibalisme ; grand carnassier.
- perche : frai en mars-avril ; fort pouvoir de reproduction ; cannibalisme ; petit carnassier.
- gardon : frai en mai-juin ; très fort pouvoir de reproduction ; non carnassier.
Il apparaît clairement que l'échelonnement des périodes de frai permet aux jeunes brochets de limiter la densité des alevins de perches, dont la sur densité constituerait un danger pour la population en gardons naissant après eux. Par contre, ces derniers sont eux-mêmes efficacement limités par les perches, sinon, leur excès entraînerait une inéluctable dégradation du biotope dans sa capacité biogénique. Par ailleurs, on note l'accroissement du pouvoir de reproduction des espèces placées en situation de proie et le cannibalisme qui intervient comme un ultime moyen d'autolimitation, bien qu'il ne soit pas suffisant pour empêcher radicalement un peuplement pléthorique conduisant à un nanisme de l'espèce.
Tarifs observés : 6,5 à 13 € le kg

 

Surnom :

Nom issu du vieux français broche. Le brochet est affublé de nombreux surnoms comme broc, bec, bec-de-canard, béquet, brocheton, brochette, brouché, buché, filaton, flute, goulu, grand-bec, grand-gousier, lanceron, lançon, luceau, pognan, pogneau, poignard, sifflet, gobe poisson, fusil, requin de rivière ou d'eau douce, piraña francesa.


B. Chervy